Salaud de Reggiani !

Publié le par Persan

madeleine-Proust.jpgSalaud de Reggiani ! Sa « Madame Nostalgie » s’insinue en moi. Me voilà mélancolique. Et puis j’apprends que Fred Chichin s’est tiré. Autre mélodie, en sous-sol.

Je ne sais pas si on grandit, si on s’assagit, quand on voit partir ainsi les briques qui supportaient notre univers d’enfant : le grand-père à la barbe piquante et aux chansons de Fréhel ; le voisin débonnaire chez qui on allait manger des crêpes ; le couple qui superposaient leurs bavardages et couvraient les comptines désaccordées de « L’Ecole des Fans » présentée par un autre baladin des cimetières.

Les lieux eux-mêmes nous trahissent, de l’école primaire transformée en salle des fêtes à la fac déserte retraversée pendant l’été et qui n’est plus la même, la mienne, des maisons des grands-parents vendues, soldées, transformées, ou de la cave au sol de terre battue qui sentait le cidre aigri désormais vide à l’épicerie de quartier rasée. C’est la mémoire que l’on rase. Ce sont les décombres de mon enfance qui jonchent le fond de mon cœur. Je m’écris mentalement des listes de « Je me souviens » à la Georges Perec, histoire de rêver que se souvenir n’est pas mourir doucettement. Je goûte mes madeleines proustiennes, m’accroche aux échos d’une époque pourtant pas si lointaine.

Reggiani finit sa complainte. Et je songe que sa voix même s’élève d’outre-tombe. Je crois que j’ai vieilli.

Publié dans cafeducommerce

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