2007 : l’année des glands

Publié le par ELmaTador

Avez-vous remarqué combien les glands, cette année, sont particulièrement nombreux sous les chênes ? Des tapis de glands de toutes tailles et de toutes couleurs, parfois véreux, s’étalent sous tous les représentants du genre Quercus, qu’il s’agisse du vert, du blanc, du sessile, du rouvre, du pubescent. Peut-être même du liège, mais je n’ai pas le loisir d’en croiser tous les jours, si ce n’est sur les bouteilles de vin, auquel cas le gland, c’est moi. 

Vous pensiez peut-être, à la lecture du titre de cet article, que j’entendais parler des vingt millions d’électeurs qui ont eu la charmante idée d’amener Nicolas Sarkozy au pouvoir ? Pas du tout, je m’en défends ! Enfin… c’est vrai qu’il y avait un peu de ça quand même. Mais je m’en voudrais d’injurier de la sorte la moitié de l’électorat français. Non, je crois qu’il y a un paquet de glands aussi chez ceux qui ont voté pour Ségolène Royal. En cela, la métaphore des glands est assez parlante : « de toutes tailles et de toutes couleurs, parfois véreux… ». Voilà bien la diversité de la population française en général, et du monde politique en particulier.

Et c’est cette diverse population qui se rend compte aujourd’hui de ce qui nous attendait avec l’arrivée au sommet de l’État d’un petit homme très excité, qui n’a aucun mal à flatuler plus haut que son postérieur, si vous me permettez l’expression. « Travailler plus pour gagner plus » : moi je veux bien, mais j’ai pas de boulot… Si le président Sarkozy veut me donner une partie des fonctions qu’il s’est royalement attribuées (sauveur d’otages aux quatre coins de l’Afrique, réconciliateur de l’Ancien et du Nouveau Mondes, messie pétrolifère des marins du Guilvinec et autres pétrels en déroute…) avec le salaire royal qui va avec, je suis preneur. Certains pensent que Nicolas Sarkozy travaille beaucoup plus que Jacques Chirac parce qu’il court aux six bouts de la France et du globe et dépense davantage (de nos sous !), ce qui justifierait la multiplication par trois de son salaire déjà confortable. Logé nourri blanchi, en sus. Alors qu’il feint !

La preuve : à l’heure où ça commence à gueuler fort contre sa politique, dans les chaumières cheminotes notamment, l’invisibilité du président n’a d’égal que celle d’Ingrid Bétancourt qu’il n’est pas encore parvenu à nous arracher triomphalement aux griffes des révolutionnaires colombiens. On n’entend plus le petit Nicolas, et ce sont ses ministres qui vont au charbon, avec de fortes chances d’en revenir cramés. Après tout, on sait bien que le siège le plus éjectable est réservé au Premier ministre, François Fillon, « collaborateur trucmuche » comme dit Plantu. Sachant qu’il est susceptible de sauter en lieu et place du président pour permettre de résoudre certaines crises, on pourrait prendre le Premier ministron pour… un gland, par exemple. Mais cent briques annuelles de salaire, même si on reste moins d’un an, ça aide à prendre des décisions risquées.

Tout pareil pour le Grenelle de l’environnement. Nicolas Sarkozy en a eu la génialissime idée. Mais, avant la grande messe finale présidée par notre président honoré, ce sont les ministres qui font le boulot. Et quel boulot ! Parvenir à faire croire à soixante millions de personnes qu’on a pris de grandes décisions pour l’avenir de notre planète, alors qu’on a exclu de revenir sur les choix les plus essentiels que sont l’énergie nucléaire, les projets autoroutiers, l’incinération des déchets… Il en faut du monde pour faire germer des tonnes d’idées croupions et assaisonner les restes. C’est comme les glands : plus il y en a, plus ça germe, mais ça ne donne souvent rien du tout ou des chênes rabougris.

Donc Nicolas Sarkozy feint de travailler beaucoup. Mais n’essayez pas de faire de même ! Vous, si vous feignez, on vous prendra pour des feignants, et ça ne rapporte rien ! Par contre, ne vous avisez pas de bosser réellement plus tant qu’on ne vous l’a pas demandé, parce que vous n’aurez pas un rond supplémentaire. « Travailler plus pour gagner plus », ça reste à la discrétion du patron, ça n’est pas une victoire pour les salariés.

Oserais-je dire que la politique du présigland de la République est bonne à donner aux cochons ? On verra, on verra. Moi, en attendant, je vais aller chasser les sangliers dans les bois avec mes irréductibles copains.

 

Publié dans cafeducommerce

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