Carnets de (ma) campagne 4

Publié le par ELmaTador

Du vent et de la folie

Il est bien connu que, lorsque l'on vient de contrées nordiques autant qu'humides, où le cidre (ce n'est qu'un exemple) coule à flot et où les bateaux coulent tout court, on se plaît tant dans le sud qu'on ne veut plus le quitter. Il y a une raison à cela : le vent du nord souffle si fort qu’il empêche toute tentative de remonter le Rhône pour revenir à sa patrie. Alors on reste. En ce qui concerne mon cas personnel, je prendrai garde d'oublier que mon installation à long terme dans cette région n'est pas motivée pas ce vent-là mais bien plutôt par la brise enivrante de l'amour, qui trouve parfois en la personne de ma compagne l’occasion de se transformer en tornade du rangement et du nettoyage, ce qui ne gâche rien.

 

 

À mon arrivée ici, jeunes et vieux m'ont indiqué un code particulier à retenir quand il vente : 3-6-9. Je place l'explication de ces trois chiffres dans la bouche d'un ancien aussi crédible qu'imaginaire : « Té, si le vent se met au nord, on est bon pour trois jours, et si ça continue au-delà, c'est qu'on en prend pour six, et fang, ça peut aller jusqu'à neuf, alors là il faut être patient, surtout l'hiver que t'as intérêt à enquiller les petits jaunes pour te réchauffer avant de sortir, con ! » (Fin de citation aussi crédible qu'imaginaire).

 

 

Or donc : 3-6-9. De ma propre expérience, je n'ai jamais pu vérifier cela. Je peux juste affirmer que, quand le vent du nord se met en branle, on en a pour un moment ("un moment" étant à comprendre dans une acception largement floue, la même qui fait qu'"une seconde" et "une minute" sont des expressions strictement équivalentes). Et alors là, une seule chose est vraiment vérifiable : quand tu es face au vent, ça te saoule bien vite, et parfois ça te rend dingue. Les exemples sont toutefois rares pour ce dernier cas, car la mémoire courte de l'homme (et de la femme aussi) l'amène bien vite, après coup, à pester contre le temps redevenu trop chaud, trop calme, trop tout.

 

 

De ma contrée humide et nordique, j'ai gardé une certaine affection pour le vent marin frais et paraît-il iodé (kekséksa ?). Le vent d'ici est l'élément le plus difficile à accepter, si l'on excepte l’importance du vote Front National (mais c'est un autre sujet). On se demande pourquoi on a donné un nom aussi joli à ce terrible vent. Et puis drôle d'idée que de l'avoir appelé du nom d'un poète, fût-il chantre de la langue provençale*.

 

 

(...)

 

 

Ah ! On me susurre que le mistral – s'il était encore besoin de précisé son nom – n'a rien avoir avec son homonyme poète. Et alors ? Si ça m'arrange, moi, de réviser l'étymologie. Après tout, ce ne sont que des mots, ça va, ça vient, c'est emporté par le vent (« 3-6-9, je vous dit ! »).

* C'est lui, là, sur l'image en haut. J'admets que pour parler du vent, c'est un peu tiré par les cheveux (qu'il a jolis, d'ailleurs...)

 

Publié dans cafeducommerce

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