« Au suivant ! »* ou rentrez dans les rangs, et qu’ça saute !

Publié le par Persan

La rentrée, pour un prof comme moi, c’est, comme le disent pas forcément à tort de mauvaises langues (donc pas si mauvaises que ça), le retour vers les salles de classe que l’on n’a jamais vraiment voulu quitter. Comme une envie de rester « djeune » (sic) au contact de gamins de plus en plus jeunes d’année en année… !

La rentrée, ce sont les sourires de tous. Trois-quatre semaines de vacances et on repart à zéro, on a un peu oublié les rancoeurs de l’an passé. Puis on replonge de suite dans les soucis, les franches engueulades, les faux-semblants. Seule la première matinée du retour pouvait laisser penser qu’abracadabra tout le monde aime son travail, ses collègues, et que le bonheur n’est plus dans les confins himalayens du bouddhisme, ni dans la frénésie de remplissage de caddie chez Carrouf.

Mais la rentrée, cette année, c’était aussi Castro qui ressuscite une nouvelle fois. Quand le Vatican se rendra-t-il enfin compte qu’il reste l’un des derniers prophètes christiques ? Tant de saints ont atteint au grade suprême sans pour autant être blanc (battu) comme neige.

La rentrée, c’était le carrousel des universités d’été, bien nommées car on y remue les mêmes idées depuis des lustres peu reluisantes.

La rentrée, c’était le nouvel-ancien Juppé qui revient et étonnifie tous les journalistes parce qu’il a prononcé le mot « vachement ».

La rentrée, c’était l’annonce du flot de lectures auxquelles je ne pourrai pas m’adonner puisque loin de toute librairie, mais comment pleurer la littérature française qui, à quelques exceptions près, se regarde tellement le nombril qu’elle ne voit plus que le monde a des jambes qui courent autour d’elle.

La rentrée, c’était Villepin qui rame social et que personne ne veut écouter ni croire. La transparence au gré des confs mensuelles me plait bien quand elle n’éclaire pas le vide intersidéral et vire à l’exploration intergalactique des trous noirs de la pensée politique.

La rentrée, c’était la suite du feuilleton de l’été : le Liban. Tous les ingrédients réunis: les bons et les mauvais (pas les mêmes pour tous), le rapatriement par tous les moyens de communication existants (plus varié, c’est plus fun : avion, bus, auto, navire de guerre, ferry. Manquaient le chameau, le transat, le sous-marin et le pédalo) de NOS victimes, l’agitation diplomatique internationale où Douste a fait croire à ses hautes compétences et à sa haute influence, et enfin l’intervention des anges bleus. Une bonne histoire avec son élément déclencheur, son suspense et sa résolution apparemment heureuse. Les Américains doivent être contents. Un scénario à l’hollywoodienne…

La rentrée, c’était la resucée éternelle des sujets téloches sur le poids des cartables des enfants, les chiffres du tourisme estival, les vieux qui partent en vacances après les troupeaux rentrés au bercail (dont j’étais, meuh !), et celle de mes jérémiades, le cul collé au canapé, devant ces remixes éternels qui m’aident à croire que le monde est immuable et moi avec.

Mais heureusement, la rentrée est maintenant loin (à part celle de ce blog laissé, le pauvre, en déshérence forcée), et tout va mieux depuis : Lang se « sacrifie » (sic !), agneau socialiste immolé, kamikazé pour la grande cause deux-mille-septième, et n’a pas honte de l’annoncer sous cette forme à 20 heures ; et Villepin parle d’environnement et on y croit autant que s’il revêtait le bleu (qui est vert ?) de chez Midas et nous faisait la vidange ; et Bush poursuit sa montée vers la démocratie dictatoriale avec « son » mur qu’il pourra aller artistiquement tagger (à la Diego Rivera) et revendre dans quelques années comme celui de Berlin.

Tout va bien, ouf ! Heureusement qu’il n’y a qu’une rentrée par an…

* Merci à Brel pour cet hymne libertaire.

Publié dans cafeducommerce

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