La mondialisation à pleines dents

Publié le par Persan

Je viens d’achever avec férocité un excellent Bordeaux sud-Af’, pour accompagner mon romazava (viande et brèdes) malgache.

Au petit déjeuner, je me suis goinfré de viennoiseries, accompagnées d’un café expresso (recette italienne) brésilien. Si, en fond sonore, les Américains des Doors me répètent sur ma chaîne hi fi made in South Korea « People are strange », dans la rue, une vieille 4 L française transformée en taxi passe en diffusant pour tous le dernier tube de maloya réunionnais. Ca me change d’un voisin qui fait trembler ses murs de l’intégrale de l’Ivoirien Alpha Blondy.

Je vais aller faire mes courses en Suzuki japonaise. J’enfile une chemise importée de Chine et un pantalon coupé localement dans un tissu produit à l’Ile Maurice. Pour changer un peu des plats malgaches habituels, après un apéro au pub, j’irai ce soir me remplir la panse d’un coucous, ou chez le voisin italien d’une énorme pizza.

Je referme le bouquin de nouvelles de mon ami canadien Michel Régnier, j’éteins la télévision qui me diffuse en direct une compétition internationale de pétanque, n’oubliant pas l’essentiel stabilisateur de tension importé du Pakistan. Je repense au touchant film d’hier soir, « La Fiancée syrienne », diffusé à la télévision satellitaire.

Sur la table sont étalées les copies de mes élèves et j’aperçois quelques prénoms : Eloïse, Mohamad, Krishn, puis quelques noms : Nijinsky ; Rasolofo ; Lucci ; Houssenbay. Nés ou originaires (directement ou par leurs parents) de Madagascar, de France, d’Inde, d’Italie, du Danemark, d’Allemagne, de Russie, de Chine, et j’en oublie. Religions (s’ils en ont une) : musulmane d’obédiences diverses, catholique, protestante de différentes églises, hindouiste. Certains de mes collègues et moi-même avons vécu au Nigéria, au Cameroun, en Argentine, en Haïti, à Madrid, au Japon, en Corée du sud, au Vanuatu, aux Etats-Unis, à Saint-Martin, en Guadeloupe, en Martinique, en Guyane, à Mayotte ou à la Réunion, et partout en France métropolitaine.

Et on voudrait me faire croire que la mondialisation est quasi satanique ? On voudrait me contraindre à rester auprès du feu à regarder TF1 ou France 3 Régions ? Cette mondialisation-là, j’en redemande. Je la goûte chaque jour, et, je l’avoue, je ne m’en lasse pas…

Allez, je sors sous le soleil tropical du nord malgache.

Publié dans cafeducommerce

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