Qui veut parrainer un p'tit Martien ?

Publié le par Persan

Je reste toujours étonné de la faible capacité des médias à utiliser les infinies possibilités offertes par les cervelles qui peuplent leurs rédactions. Dernier exemple qui me vient à l’esprit, totalement au zazard bien entendu : le parrainage d’enfants victimes de la Shoah. Seul point de débat : un enfant ou une classe pour porter le souvenir d’une victime ? Et tout le monde de s’introniser grand prêtre de la pédopsychiatrie. Traumatisera ou traumatisera pas ? Mieux que jouer au loto un 29 février ! Je voudrais juste décentrer un peu le débat, modestement. Et lancer une liste (sans hiérarchie, on n’est pas à l’épicerie) d’autres enfants victimes dont les souffrances me semblent aussi inoubliables que celles du génocide des Juifs durant la période nazie ; dont le nombre de morts suffirait également à justifier, s’il le fallait, qu’on leur dresse des mémoriaux :
- Tous les enfants victimes durant des siècles du commerce triangulaire, qui se souvient de leur génocide ?
- Tous les enfants des Bretons ou Basques envoyés à la boucherie des batailles de la Première Guerre mondiale, qui se souvient du génocide de leurs parents ?
- Tous les enfants surexploités pendant des siècles sur les fermes ou dans les manufactures françaises, qui se souvient de ce massacre économique ?
- Tous les enfants rwandais qui ont subi les pires exterminations de la fin du XXè siècle, et où la France a une part de responsabilité, qui se souvient de leur génocide ?
- Tous les enfants algériens qui ont souffert des années de guerre de décolonisation menée contre la France, qui se souvient des massacres de leurs parents ?
- Tous les enfants de Sétif, de Madagascar, ou d’Indochine, tous ceux qui ont souffert de la lutte engagée par leurs parents pour obtenir chèrement leur indépendance, qui se souvient des atrocités commises envers leurs parents ?
- Tous les enfants kanaks et tous ceux qui ont joué au bon petit sauvage humilié aux expositions coloniales, qui se souvient de leur honte ?
- Tous ceux, dans toutes les régions de France, de la Bretagne au Nord, à qui on a refusé leur propre langue, qu’on a désigné à la vindicte publique s’ils ne pratiquaient pas correctement et en tous temps le français, qui se souvient de ces génocides culturels ?
J’en oublie bien d’autres, par méconnaissance, et ces enfants-là aussi meurent encore tous les jours de notre mémoire qui flanche, ne veut pas les reconnaître comme victimes de notre propre histoire.
Sarkozy veut donc renouveler le métier d’historien : place aux sentiments, dussent-ils supplanter toute vision raisonnée de notre passé. Je pense que mes collègues profs d’Histoire vont pouvoir, après rénovation de leur enseignement, mettre dans leur budget d’année des mouchoirs. Ils pleureront en chœur avec leur classe sur les malheurs du monde. Ce sera très constructif.

Publié dans cafeducommerce

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